J'ai, en arrière-plan, des figures fortes
comme Voltaire, Zola, Sartre, Camus qui symbolisent pour moi l'engagement de
l'écrivain. Mais Je crois qu'il y a une leçon de modestie que le monde moderne
nous impose aujourd'hui. Pour faire bouger la société, une bonne ONG est
certainement plus efficace sur le terrain que l'intellectuel dans son bureau ou
que l'intervention dans quelques manifestations culturelles. Il ne faut pas
oublier que le monde a foncièrement évolué. L'action sociale n'est plus le
privilège de quelques intellectuels, aussi imposants soient-ils. Il faut donc
plutôt être modeste et ce dire que moi auteur, un autre enseignant, un autre
syndicaliste pouvons nous rencontrer pour faire avancer les choses. Mais je
pense que l'intellectuel est désacralisé, l'écrivain n'a plus le monopole de la
vérité sociale ou économique. Au Niger, comme souvent en Afrique, nous avons
une société à deux vitesses : il y a la société moderne, avec ceux qui ont été
en contact avec les Blancs et donc "peuvent", et les autres. Ce sont
ces premiers qui ont la possibilité de contribuer à l'amélioration des
conditions de vie au Niger. Par leur formation, leur ouverture sur le monde,
leur capacité de mobiliser un certain nombre de moyens. Mais attention de ne
pas retomber dans un certain féodalisme dont nous ne sommes pas complètement
sortis. Il y a comme une urgence d'enracinement de l'intellectuel dans sa
société. Ça passe aussi par la langue, trouver cette capacité à communiquer
avec les gens, connaître leurs problèmes et ça, ce n'est pas gagné je crois.
Propos recueillis par
Mathieu Menossi et Mélanie Carpentier pour Evene.fr - Mars 2006
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