mardi 15 mai 2012

Qu'en est-il selon vous de la responsabilité des écrivains au Niger ?



 J'ai, en arrière-plan, des figures fortes comme Voltaire, Zola, Sartre, Camus qui symbolisent pour moi l'engagement de l'écrivain. Mais Je crois qu'il y a une leçon de modestie que le monde moderne nous impose aujourd'hui. Pour faire bouger la société, une bonne ONG est certainement plus efficace sur le terrain que l'intellectuel dans son bureau ou que l'intervention dans quelques manifestations culturelles. Il ne faut pas oublier que le monde a foncièrement évolué. L'action sociale n'est plus le privilège de quelques intellectuels, aussi imposants soient-ils. Il faut donc plutôt être modeste et ce dire que moi auteur, un autre enseignant, un autre syndicaliste pouvons nous rencontrer pour faire avancer les choses. Mais je pense que l'intellectuel est désacralisé, l'écrivain n'a plus le monopole de la vérité sociale ou économique. Au Niger, comme souvent en Afrique, nous avons une société à deux vitesses : il y a la société moderne, avec ceux qui ont été en contact avec les Blancs et donc "peuvent", et les autres. Ce sont ces premiers qui ont la possibilité de contribuer à l'amélioration des conditions de vie au Niger. Par leur formation, leur ouverture sur le monde, leur capacité de mobiliser un certain nombre de moyens. Mais attention de ne pas retomber dans un certain féodalisme dont nous ne sommes pas complètement sortis. Il y a comme une urgence d'enracinement de l'intellectuel dans sa société. Ça passe aussi par la langue, trouver cette capacité à communiquer avec les gens, connaître leurs problèmes et ça, ce n'est pas gagné je crois.

Propos recueillis par Mathieu Menossi et Mélanie Carpentier pour Evene.fr - Mars 2006

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