Résumé des épisodes précédents
Charline découvre Alfred : un coup de cœur pour la brève
théâtrale A l’étroit qu’elle a
choisie de mettre en scène en 2003 dans le cadre du spectacle, conçu par Roland Fichet, Pièce (s) d’identité, croisant des
œuvres d’auteurs africains et français. Elle rencontre
Alfred pour de vrai à St Brieuc. Ensuite toute la troupe part en tournée en
Afrique. Magie : la petite pièce marche du feu de Dieu !
A l’étroit
acquiert, de représentation en représentation – au Niger, au Bénin, au Burkina
Faso -, une vie propre, transfuse par l’appropriation jubilatoire du public. Les
acteurs, la scénographe, la metteuse en scène et l’auteur sont comme possédés
par ces vingt minutes déconcertantes de crudité – une effraction ravageuse dans
l’imaginaire théâtral, si convenable.
De retour en France, Charline reste sous le choc : sur
la braise des souvenirs A l’étroit
continue d’occuper son esprit. Un sentiment d’inachèvement se précise,
entrainant à un nouveau jeu de vases communicants. Charline propose à Alfred de
rallonger la pièce pour donner au vaudeville une sensibilité qui, oscillant du masculin au féminin, favorise l’identification
du public et des acteurs.
Complicité fertile, légère, énergique. L’un et l’autre,
Charline et Alfred, chacun à son continent, bricolent une production affranchie
des tutelles précédentes. A l’étroit,
version 2, est crée à Agadez en mars 2005. Nouvelle tournée : Zinder,
Niamey, Cotonou, Dakar…
Avec une implication plus profonde de ses protagonistes –
auteur, metteuse en scène, scénographe, acteurs et public –, A l’étroit a accru sa force d’impact : un jeu grisant à tourner autour du pot, ce foyer caché de contradictions où les
certitudes vacillent sous les coups de boutoir de la farce autocritique. Tout
le talent d’Alfred Dogbé.
Une fois la belle page tournée, l’amitié entre Alfred et
Charline continue de faire long feu, une complicité à l’enseigne du prénom du
dernier des petits Dogbé : Charles…
Plus tard, Charline sera appelée à la rescousse pour la mise
en scène de Burocrassie. Plus tard encore, Charline demande à Alfred d’écrire
une pièce pour elle et Béto. Alfred écrit un premier jet et Charline voudrait
en discuter, y travailler, mais Alfred est pris de court par la mort. Huit années d'amitié ont pris fin.
Il y a trois mois
Nous, les amis français d’Alfred Dogbé, avons organisé,
parallèlement à l’aide de la SACD, une collecte pour ses enfants. Nous avons choisi en même temps de donner un coup de pouce au Festival Emergences en finançant
simplement le billet d’avion de Charline Grand, invitée pour y animer un
atelier de mise en scène autour de la transposition d’une nouvelle d’Alfred.
La fluidité et la simplicité de cet élan avaient quelque chose du ruisseau sous l'orage - pour poursuivre la métaphore sur la liberté filée dans un entretien-vidéo dont nous avons
publié un extrait sur ce blog. La vivacité du courant qui nous avait entrainé à suivre ses hauts paris a très vite
contourné l’obstacle de sa mort pour se projeter dans une suite possible. Il
faut le souligner étant donnée l’extrême difficulté de toute forme de
coopération artistique entre la France et le Niger.
La certitude de la venue de Charline à Niamey a poussé
ensuite l’équipe d’Arène Théâtre à lui proposer de refaire une mise en
scène de A l’étroit dans sa version
la plus courte : la façon la plus juste de boucler la boucle en rendant
hommage à l’écrivain, au fondateur de la compagnie, au créateur du Festival, à
l’agitateur et au tisseur de liens entre la France et le Niger.
Ce soir
La représentation de A
l’étroit a lieu ce soir. Nous ne doutons pas que la réalisation de ce pari
ait été pour tous – Charline, Béto, l’équipe d’Arène Théâtre et la famille
d’Alfred – une véritable épreuve à tous les points de vue.
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